« La Garonne commingeoise : modèle d’une politique “apaisée” autour d’une histoire et d’une archéologie du territoire et ses cours d’eau de la Protohistoire à nos jours » [18/04/23-17H30]

Le fleuve Garonne, par ses violentes crues dévastatrices, a suscité durant ces derniers siècles, crainte et méfiance. Cependant, pour les secteurs de plaine, les recherches en cours ont permis de mettre en évidence de nombreux sites installés aux abords immédiats de la Garonne et dans le fleuve même pour son exploitation (navigation, irrigation, industries, franchissement…). Dans la plupart des cas, les occupations proches du fleuve s’étalent de la Transition Âge du Bronze/Âge du Fer aux alentours de l’An Mil où la situation semble cependant se modifier assez radicalement. Dans certains secteurs, les occupations anciennes disparaissent et la quasi-totalité des villages médiévaux sont désormais situés aux pieds des massifs montagneux, sur les terrasses les plus élevées ou même à flanc de colline. Cette transformation de la structuration de l’espace doit-elle être uniquement mise en relation avec des phénomènes économiques, politiques et sociaux ou faut-il y voir la transcription dans l’occupation du sol d’une rupture dans les rapports entretenus jusqu’alors entre les sociétés et un paysage fluvial toujours en mutation ?

Ces installations de noyaux d’habitat ou d’exploitations pérennes dans des espaces particulièrement ouverts aux phénomènes hydrologiques et traditionnellement considérés dans le piémont pyrénéen comme dangereux, invitent à s’interroger sur les rapports qu’entretiennent les sociétés anciennes avec le fleuve, sur les aménagements mis en place au fil du temps et réutilisés pour le contrôler et l’exploiter (ponts, bacs, moulins, paissières, quai…)

Ces interrogations ont donné lieu à la création d’un projet collectif de recherche, nommé Eaurigines, qui vise à étudier les relations Homme/Milieu sur le bassin versant de la Garonne amont, les Pyrénées centrales et Toulouse, autour de l’axe fluvial Garonne. Ce PCR est composé d’une quarantaine de chercheurs de disciplines différentes et complémentaires en sciences humaines et en science de la nature ainsi que de membres associatifs. Il a pour objectif de mettre en relation l’évolution des systèmes sociaux avec les systèmes environnementaux, de la Protohistoire jusqu’à nos jours, afin d’appréhender les relations entre l’anthropisation de l’espace et son occupation avec les phénomènes naturels hydrologico-climatiques et les impacts sur l’environnement. Ces recherches universitaires trouvent également écho au sein de la mise en œuvre des politiques publiques en région, notamment celles qui se rapportent à l’Eau, en proposant un support scientifique préalable à leur application et en favorisant les liens entre les différents acteurs du territoire et du patrimoine.

Anh Linh FRANÇOIS

Docteure en archéologie des périodes médiévale et moderne, spécialisée en archéologie subaquatique, scaphandrier professionnel et chargée de projet chez Eveha – Études et valorisations archéologiques, ses recherches portent sur l’étude des relations Homme/Fleuve du bassin supérieur de la Garonne, entre les Pyrénées centrales et Toulouse. Les opérations archéologiques menées depuis 2016, couplées à des études textuelles et ethnoarchéologiques, ont permis de renseigner les différents modes d’aménagement de la Garonne pour le flottage – la navigation des radeaux – du XVIe au XIXe siècle, pour acheminer le bois d’œuvre et à chauffer jusqu’à Toulouse, ainsi que sur l’architecture navale de ces radeaux adaptée à l’hydrosystème de la Garonne amont. Ces recherches ont mené, en 2021, à la création du Projet collectif de recherche « Eaurigines » composé d’une quarantaine de chercheurs pluridisciplinaires, qui vise à étudier l’anthroposystème du bassin supérieur de la Garonne pour comprendre les relations entre les pressions anthropiques et les réponses environnementales (exploitation du milieu, aménagements, impacts, réajustements, déprise humaine) de la Protohistoire à nos jours. 

Clément VENCO

Archéologue, membre du laboratoire TRACES UMR 5608 de l’Université Toulouse Jean Jaurès, ses recherches portent sur les dynamiques territoriales et le peuplement de la Protohistoire à la fin du Moyen Âge dans les Pyrénées centrales et tout particulièrement dans le territoire de la cité des Convènes. Ces recherches, qui s’articulent autour de nombreuses opérations de terrain (prospections, études Lidar, sondages, fouilles…), ont pour objectif d’étudier les dynamiques d’anthropisation et d’appréhender les phénomènes de continuité et de ruptures dans l’occupation du sol et l’évolution du paysage sur la longue durée. Elles s’intègrent depuis 2021 dans le PCR EAURIGINES (dir. A. L. François et C. Venco) consacré à l’anthroposystème du bassin supérieur de la Garonne. 

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