Daniel Henry (1939-2019)
Daniel Henry nous a quittés au terme d’une vie consacrée à la connaissance et à la transmission, au cours de laquelle il a constamment partagé sa passion pour le Comminges.
Étudiant en géographie à l’Université de Toulouse, au début des années soixante, il lui consacre deux mémoires, bilan d’un important et rigoureux travail de terrain. Le premier est une somme de géographie humaine et économique dans laquelle il décrit et analyse la ville de Saint-Gaudens comme « centre commercial ». Le second est une étude morphologique des Pré-Pyrénées de Sauveterre-de-Comminges. Ces deux études remarquables, inscrites dans leur époque, lui valent un diplôme d’études supérieures de géographie (1962) et marqueront de leur empreinte méthodologique ses travaux futurs, toujours accompagnés d’une cartographie précise, personnelle et originale.
La première et principale est partiellement publiée dans les Actes du Congrès de Saint-Gaudens de la Fédération des Sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne (1963) et dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest(1965). Les interrogations du jeune chercheur y reflètent celles du présent d’une France connaissant une mutation inédite à la faveur des Trente Glorieuses et de l’urbanisation croissante : « Les nécessités de l’aménagement du territoire ont mis une question à l’ordre du jour : celle de l’influence des villes […]. En effet, de plus en plus, la notion d’interdé- pendance des villes et des campagnes devient une donnée économique importante. Chaque agglomération urbaine tend à aménager sa campagne environnante. Elle suscite ainsi un espace économique à l’intérieur duquel elle organise la commercialisation des produits agricoles, et en même temps, redistribue les produits fabriqués par les centres industriels.
Pour accomplir ces fonctions, il n’est pas nécessaire que la ville soit grande. Il suffit que les chefs des entreprises commerciales fassent preuve de dynamisme. Ainsi, ce n’est pas vouloir jouer au paradoxe que d’essayer de définir l’aire d’influence commerciale de Saint-Gaudens. » (Revue de Comminges, 1963, page 287)
Devenu professeur d’histoire et de géographie, Daniel Henry est d’abord ensei- gnant coopérant au lycée français de Fès au Maroc (1966-1972). Nommé à Dax, il partage avec les siens sa passion pour la Gascogne. Une petite ferme acquise à Valca- brère devient l’écrin de cette passion. À la fin des années 80, il obtient enfin un poste en Comminges, à Saint-Gaudens puis au collège de Boulogne-sur-Gesse, où il termine sa carrière. À Dax, il était membre de la Société de Borda, à Saint-Gaudens, tout naturellement, il se mit au service de la Société des études du Comminges d’abord comme secrétaire (1993-1995), puis secrétaire général en 1996 après la disparition de René Bordes, et enfin comme conseiller de 1997 à 2008. Je garde le souvenir d’un bénévole avenant et compétent, toujours disponible pour les étudiants et les chercheurs sollicitant les ressources de notre Société. Il était aussi un collaborateur apprécié de la Revue de Comminges qui publia ses travaux consacrés à Valcabrère et Saint-Bertrand (1986, 1990, 1999), aux Pyrénéennes de Saint-Gaudens (2002, 2010), aux conséquences démographiques de la Grande Guerre dans les Pyrénées centrales (2015) et, il y a peu, au toponyme gascon « hitte » (2018). Dans le même temps, il offrait à nos lecteurs le compte-rendu de près d’une centaine d’ouvrages qu’il avait lus et dont il souhaitait partager la connaissance.
Que ses proches, particulièrement son fils Jean-Pierre et ses petits-enfants, sachent que pour nous Daniel Henry était un sociétaire apprécié et qu’ils reçoivent nos condoléances attristées et l’expression de notre profonde sympathie.
Yoan Rumeau, président de la Société des études du Comminges.
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