Le flottage en France et en Espagne: entre plaine alluviale et milieu torrentiel [Samedi 29 juin 2024]
Coord. : Anh Linh FRANÇOIS (Eveha, UMR 7041 ArSCan), Clément VENCO (TRACES UMR 5608)
Le flottage est une activité et une navigation fluviale dont les origines remontent, au moins, à l’Antiquité, qui consiste à faire descendre – en contexte torrentiel – à gré d’eau le bois sous forme de grume, dit « à bûches perdues », et sous forme de radeaux, depuis les zones d’exploitation forestière jusqu’à leur destination.
Depuis une dizaine d’années, en France, la thématique du flottage en tant que sujet de recherche académique connaît une forte recrudescence dans différentes disciplines, que ce soit en sciences humaines et sociales qu’en science de la nature. Habituellement étudiée par les Historiens dans des thématiques portant sur des aspects économiques, certaines approches tentent à se diversifier et d’apporter un nouveau regard sur cette pratique. Les géographes et écologues ainsi que les archéologues et dendro-archéologues se sont emparés du sujet, considérant le radeaux ou les bûches perdues comme éléments constituant d’une aire culturelle, modelant et modifiant le paysage et favorisant ou contraignant les pratiques.
Sur la Garonne amont, des Pyrénées Centrales à Toulouse, la plus ancienne mention textuelle de flottage, à ce jour, est datée de 1273 et la plus récente de 1866, correspondant à l’arrivée du chemin de fer. Le flottage sur la Garonne a permis d’approvisionner les chantiers urbains et ruraux ainsi que le foyer domestique et bien sûr, à partir du XVIIe siècle, les arsenaux royaux en bois de mâture. Les bois transitant par la Garonne provenaient des Pyrénées Centrales des versants français et espagnols, favorisé par les Lies et passeries, passaient par le Val d’Aran pour rejoindre l’Océan Atlantique et les arsenaux du Ponant ou, à partir du XVIIe siècle, par le canal royal du Languedoc et rejoindre la mer Méditerranée et l’arsenal de Toulon.
Bien que le principe de construction reste le même, l’architecture des radeaux diffère d’une région à l’autre suivant le type de marchandises transportées, la période de l’année et l’hydrosystème, propre à chaque bassin fluvial. Pour les cours d’eau torrentiel, tels les fleuves et rivières pyrénéennes espagnols et français, une famille architecturale spécifique a été adoptée. Cette similitude dans le système d’assemblage peut être due à une transmission technique entre bassins versants à hydrosystème identique, nous interrogeant sur la transmission des savoir-faire transpyrénéens.
Cette journée d’étude interdisciplinaire vise à confronter les regards et les approches de chaque discipline sur une même thématique tout en les croisant entre bassins versants et hydrosystèmes. Cette rencontre sera la troisième depuis 2017, organisée dans le cadre d’un cycle de séminaires, qui a débuté à Lyon (2017) par Nicolas Jacob pour poser les jalons de la thématique, puis à Dijon (2019) par François Jarrige et Dimitri Langoureau d’où un ouvrage collectif a été publié (2023), et aujourd’hui sur le territoire commingeois.
Cette rencontre pyrénéenne mettra à l’honneur les liens ancestraux que les Pyrénéens entretiennent de part et d’autre de la frontière, en invitant radeliers catalans, aragonais et navarrais à participer à cette journée d’étude autour des pratiques fluviales qui unissaient les deux versants des Pyrénées.
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